Archives pour la catégorie Politique

Pourquoi j’ai voté José Jover !

/ Tarek Ben Yakhlef Alias Tarek /

« Le meilleur moyen de prévoir le futur, c’est de le créer »
Peter Drucker

Je viens de voter pour José Jover, Farid Boudjellal et Edmond Baudoin lors de ce premier tour du 43e grand prix du FIBD.

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Pourquoi expliquer un choix qui au demeurant est personnel et secret ? Le contexte de ce vote qui frôle le ridicule et la polémique qui a devancé celui-ci, m’oblige à m’exprimer en dehors des réseaux sociaux. Tout commence par un « grand coup de gueule » justifié de nos collègues auteures lorsque la liste des candidats est publiée par l’équipe qui dirige le FIBD (festival international de bande dessinée) : je précise que c’est une entreprise de droit privé qui gère un événement recevant essentiellement des subventions publiques, où les éditeurs payent tout sans parler du prix d’entrée prohibitif pour déambuler dans un supermarché de la BD. Dans une sorte de conciliabule, sans…

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Manga Climat : les ados contre-attaquent !

0y20hA l’occasion de la COP21, Alofa Tuvalu lance “Manga Climat”, le dernier né de ses outils pédagogiques sur les changements climatiques. Réalisé avec un groupe de pré-adolescents, le livret de 36 pages met en scène 5 superhéros dans la périlleuse mission de reprogrammer le futur pour assurer un avenir à l’Humanité.

Encadrés par le dessinateur et éditeur José Jover et nourris de l’expérience de l’association engagée depuis dix ans dans la lutte contre l’effet de serre, les jeunes ont élaboré un récit, décrit et animé des personnages.

Rasl’bush, Mia, Rain, Suntile et Gryfay vont unir leurs forces et conjuguer leurs pouvoirs pour détourner les humains de leur course au profit, au gaspillage et à la surexploitation des ressources de la planète. Réalisé en partenariat avec la Maison des Ensembles, le projet a reçu le soutien du Conseil Régional d’Ile de France.

Manga Climat est disponible en téléchargement libre : ici (version électronique)
et ici (version imprimable).

Pour commander des exemplaires papier, c’est par là : alofatuvalu@alofatuvalu.tv


Cerises sur le gâteau, l’association publie également cette année les versions arabes de la BD “A l’eau, la Terre”, portant le nombre de traductions disponibles à 15, et du livret “Biogaz pour les nazes” qui existait en versions anglaise et française. Tous deux ont déjà permis de sensibiliser des centaines de milliers d’enfants.

Un petit mot de Farid Boudjellal…

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José est un enfant de Toulon. Que de rêves nous avons caressés, que de projets nous avons échafaudés. Mourad était enfant et s’est nourri de cette belle énergie qui a donné « Soleil » et « Futuropolis ». Deux maisons d’édition aux thèmes différents. Soleil c’est l’épique, Futuro la BD d’auteur parait-il. Comme si la BD épique n’était pas conçue par des auteurs. Ils sont nombreux aujourd’hui ceux qui vivent grâce à cette belle énergie toulonnaise.

Votez José Jover, juste retour des choses. Toulon a autant apporté à la bande dessinée qu’Angoulême.
Farid Boujellal

La dernière bande dessinée de notre auteur et ami :

La Présidente , de François Durpaire et Farid Boudjellal, Les Arènes BD / Demopolis, 20 euros.

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Comité de soutien pour la présidence de José Jover au 43e FIBD

Affiche José Jover FIBD

Le comité de soutien pour la présidence de José Jover au 43e FIBD lance cet appel solennel à toutes les auteures et tous les auteurs de BD mais aussi aux lectrices, lecteurs, bibliothécaires, libraires, amateurs de BD, collectionneurs, autorités autoproclamées, enfants et moins grands, analphabètes, érudits, militaires et pacifistes, mouvement LGBT, traditionalistes, ex-adhérents du PS, aux militants du PC, Front de Gauche, Podemos, aux nostalgiques de l’UMP, du RPR et de l’UDR, aux Noirs, Arabes, Juifs, Catholiques, Protestants, Orthodoxes, Bouddhistes, Chamanistes, Kabbalistes et autres vendeurs de Kebbabs…

Pour faire court : à tout le monde sans exclusive !

Nous soutenons également Farid Boudjellal et Edmond Baudoin dans cette quête de la plénitude qu’est la présidence du FIBD.

Tarek :: Site officiel | L’avenir de la BD est au bout de nos crayons.

TarekNotre auteur et ami Tarek a choisi de s’exprimer sur la grave crise qui secoue le milieu de la bande dessinée en rédigeant une lettre ouverte sur son site. Nous vous invitons à le lire  :

En 2012, j’avais écrit un court article sur Médiapart à propos de notre métier qui me semblait de plus en plus menacé par les dérives de la financiarisation de la culture et les pratiques prédatrices du capitalisme le plus sauvage et le plus opposé à la création… Je pensais également que nous étions en train de changer de paradigme sociétal et que la crise n’était qu’une conséquence de ce terrible bouleversement et non une cause. J’en suis encore plus convaincu aujourd’hui !

Cet article, somme toute anodin, avait suscité un débat virulent sur actuaBD juste après sa publication par son rédacteur en chef qui avait qualifié mes propos posés et réfléchis de « vocifération » : mépris de certains éditeurs « masqués » qui répondaient en donnant des arguments fallacieux, de certains pseudo-journalistes qui, s’étant auto-érigés spécialistes du 9e art parce qu’il n’y a aucun média professionnel dans notre domaine, expliquaient que ce que nous étions en train de vivre n’était pas la réalité de tous les auteurs… Bref, de nombreuses critiques assez farfelues MAIS je dois avouer que j’ai surtout reçu une avalanche de témoignages par mail de la part de nombreux collègues jeunes et moins jeunes tout comme des libraires et des agences d’illustrateurs qui confirmaient mes craintes.

Tout cela pour dire que ce constat amer que je faisais à l’époque n’a fait que se vérifier ces derniers mois, puisque des collègues (Bonnifay, Maïorana et d’autres moins connus qui ont jeté l’éponge dans l’indifférence la plus totale) annoncent mettre un terme à leur carrière ou encore publient des lettres ouvertes enflammées, comme celle d’Eric Wantiez ou d’Olivier Peru. La réforme que le RAAP souhaite nous imposer d’une manière autoritaire n’a fait que créer un électrochoc dans notre profession et l’immense majorité des auteurs s’est enfin unie pour dire NON. En deux ans, la TVA des auteurs est passée à 10% (celle des éditeurs est restée à 5,5%), les taxes indirectes et la baisse du pouvoir d’achat dans notre pays se sont accrues alors que les revenus des auteurs n’ont pas évolué depuis vingt ans. Les aides publiques, les bourses et les subventions supprimées dans le secteur du livre ont fragilisé toutes les personnes qui font réellement vivre le livre dans sa diversité : les bibliothèques, les auteurs, les petits salons, les ateliers de lecture, etc… Tout cela pour rembourser une dette que nous devrions rediscuter tant elle est devenue ubuesque ! (…)

La suite de l’article de Tarek : L’avenir de la BD est au bout de nos crayons.

Frémion-Fluide, Yves s’exprime sur le site BD Auracan

FremionJusqu’ici, je n’ai pas souhaité communiquer sur mon éviction de Fluide glacial le 1er février dernier, mais la propagation sur certains réseaux ou dans certaines publications – donc dans l’opinion et la profession – de rumeurs délétères me concernant et concernant cette affaire, m’y contraignent. Ces rumeurs sont émises parfois en réponse aux questions légitimes de certains lecteurs, professionnels ou simples fans, étonnés de la rapidité de ce départ et de l’absence de toute explication dans le magazine. Le bruit court, y compris dans le magazine et les réseaux sociaux, qu’à l’image de mon ami Bruno Léandri, j’aurais quitté ce journal (après 39 ans de collaboration régulière sans aucune interruption), de mon plein gré et pour « prendre ma retraite ».

Or :
1 – À l’heure où j’écris ces lignes je n’ai pas pris ma retraite, même si j’y suis désormais contraint, car Pôle-emploi a bien entendu rejeté toute demande d’indemnité pour quelqu’un qui « a l’âge de prendre sa retraite ». Désormais sans aucun revenu régulier, je n’ai plus le choix. Ai-je besoin de dire que cette retraite sera dérisoire et ne me permettra même pas de payer mon loyer ?
2 – Plusieurs de mes camarades « fluidosaures » (= ceux qui travaillent dans ce canard depuis les 100 premiers numéros) ont pris leur retraite dans les années précédentes. Tous sans exception continuent à travailler au magazine, payés en droits d’auteur et non plus en salaires comme cela est autorisé par la loi. Bien qu’ayant choisi la formule « clause de cession », un autre célèbre rédacteur figure toujours au sommaire de chaque numéro.
3 – Je n’ai pas souhaité quitter ce magazine et ne suis pas parti de mon plein gré. Ceci malgré des divergences avec le nouveau rédacteur en chef sur ma collaboration.
4 – Me renseignant sur les conditions d’une retraite à venir, j’ai été informé par la DRH du groupe Flammarion qui possède le magazine, que j’aurais en ce cas droit à une « indemnité de départ » de 5 mois, soit 5 fois mon dernier salaire. Dans le même temps, j’ai appris que le récent rachat du groupe Flammarion par Gallimard me permettait, comme certains fluidosaures avant moi, de bénéficier de la « clause de cession », une disposition particulière aux journalistes en cas de rachat, qui leur permet de partir dans les mêmes conditions que lors d’un licenciement. Quand on a l’ancienneté qui est la mienne, cela ne fait pas la même somme à toucher (mon meilleur salaire mensuel multiplié par le nombre d’années, soit 38). Mon intérêt était évident : choisir cette solution, quitte à rester absent quelque temps des pages du magazine, plutôt que de me contenter des 5 mois de salaire.
5 – M’en étant ouvert au rédacteur en chef et à l’éditeur des albums, tous deux m’ont alors vivement prié de n’en rien faire, étant donné le fragile équilibre du magazine (qui a géré d’autres départs et quelques procès en cours). Très attaché à ce journal, j’ai donc cherché une solution qui satisfasse les deux parties. Sachant qu’une fois ma retraite prise, rien, à aucun moment, n’obligerait la rédaction à me garder, il leur suffirait de cesser de me publier (sans indemnité cette fois).
6 – J’ai donc proposé officiellement de ne pas prendre la « claude de cession » mais une retraite simple. En échange, j’ai demandé que l’on m’assure la suite de ma collaboration et qu’une augmentation compensatoire soit mise en place afin que je ne sois pas perdant sur toute la ligne. Ainsi, pas de déséquilibre brutal dans les finances du magazine.
7 – En parallèle, lors de discussions avec le rédacteur en chef, j’avais même avancé l’idée de réduire ma participation, par exemple en « vendant » le concept de la « Gazette de Frémion » avec ses fameuses marges (prétexte mensuel au bouclage et seul lien constant entre les collaborateurs). Depuis quelque temps, cette Gazette ne me ressemblait plus, repensée derrière mon dos tous les mois par le rédac’ chef, avec des dessins parfois refusés par moi, ou un retour malsain du « pipi-caca » dont l’image de Fluide s’était défaite depuis un quart de siècle. Cette solution aurait arrangé tout le monde et la rubrique serait devenue la « Gazette de Fluide » ou la « Gazette de Lindingre », je n’aurais plus apposé mon nom sur des choix qui n’étaient pas les miens.
8 – La réponse à mes propositions, après un long silence de tous les intéressés, m’a été faite par téléphone, par la DRH de Flammarion. C’était un rejet de mes propositions, « la direction et la rédaction étant unanimes » à ne pas souhaiter que je poursuive ma collaboration, dans aucune des deux hypothèses » – c’est-à-dire même en cas de départ normal à la retraite. Il s’agissait donc bien d’un licenciement déguisé, et il ne me restait plus qu’à opter pour la « claude de cession », ce que j’ai fait aussitôt. La procédure (un arbitrage) est en cours.

Voilà donc fidèlement restitué les faits.

La suite de l’article : Actualité Bande Dessinée : Frémion-Fluide, (mauvais) clap de fin.

Yasmina Khadra : « L’Algérie est à la veille d’une insurrection »

L’écrivain algérien francophone Yasmina Khadra était candidat contre Abdelaziz Bouteflika à la présidentielle, mais les menaces et les embûches ne lui ont pas permis de poursuivre son parcours. Début février, alors qu’il sillonnait son pays, il avait reçu « Marianne » pour raconter sa patrie et son périple. En ce jour d’élection où chacun retient son souffle, le diagnostic dressé par le romancier algérien le plus lu au monde qui est aussi l’ex-commandant de la lutte anti-terroriste dans l’Oranie, est plus que jamais d’actualité.

Yasmina Khadra

Marianne : Qu’est-ce qui vous pousse à briguer la présidence de l’Algérie?
Yasmina Khadra : L’écrivain ne doit pas occulter l’être et le citoyen. D’abord, depuis très longtemps, il m’était insupportable de voir mon pays aller à la dérive. Il n’y a aucune raison pour que l’Algérie échoue : elle a tout le potentiel nécessaire pour devenir une nation sereine, ambitieuse, prospère. Ensuite, quand on sort indemne d’une guerre — notre guerre contre l’intégrisme entre 1991 et 1999 —, on culpabilise. Depuis que j’ai quitté l’armée, j’ai toujours voulu légitimer ma survie. Je me suis donné comme mission de ne jamais oublier ceux qui sont morts, d’être digne de leur avoir survécu. Enfin, je pense qu’un pays sans culture est un pays livré à l’animalité et au chaos. Il est donc logique en tant qu’intellectuel de me lancer dans ce combat pour le guérir.

L’islamisme a été vaincu militairement en Algérie, mais l’islamisme sociétal et comportemental semble l’emporter. Comment vaincre cet ennemi qui s’appelle l’obscurantisme ?
A l’origine de cette dérive, il y a la chosification de la jeunesse, l’absence de tout projet de société, la démolition du rêve. Autant d’ingrédients à identifier et à détruire. Pour couper l’herbe sous le pied de l’intégrisme, il faut redonner de l’espoir aux Algériens, leur prouver que le paradis est au bout de la main d’un homme, pas au bout de sa vie. Je reviens d’un périple de 10 000 km à travers le pays. J’ai vu la démission, le renoncement. L’Algérie est plongée dans une convalescence interminable. Les gens sont encore traumatisés par la décennie noire, laminés. Paradoxalement, c’est chez les intellectuels, les notables, que le renoncement est le plus ancré. Le petit peuple, lui, attend encore quelque chose mais il ne sait plus quoi.

La suite de l’interview : Yasmina Khadra : « L’Algérie est à la veille d’une insurrection »

Propos recueillis par Martine Gozlan pour le magazine Marianne