Un tirailleur algérien dans la Grande Guerre.
Pendant la Première Guerre mondiale, plus de 125 000 indigènes musulmans d’Algérie sont envoyés en métropole ; c’est ainsi que le 11e Régiment des Tirailleurs Algériens participe à toutes les grandes offensives, de la Marne en septembre 1914 à celles de 1918.
L’histoire de ces hommes a commencé à être connue en France grâce au film « Indigènes » de Rachid Bouchareb.
Cette bande dessinée a pour narrateur Mourad Ben Slimane, un rescapé, qui est de retour dans son village, près de Constantine. Il boite légèrement et porte encore un pansement au bras. Dans sa poche, il garde un mouchoir renfermant du jasmin séché que lui avait offert son ami Alouache pour lui porter chance lorsqu’ils sont arrivés en France.
Il raconte, par bribes et sans ordre chronologique, des épisodes de cette guerre aux différentes personnes qu’il rencontre. Il aborde surtout les détails de la vie de tous les jours sur le front : l’amitié, la souffrance, la peur,…
Basé sur le parcours de l’arrière-grand-père et de l’arrière-grand-oncle de Kamel Mouellef, le scénario de Tarek est très bien documenté et atteint son but pédagogique d’autant plus qu’il est complété par un dossier documentaire et une importante iconographie, qui en permettent l’accès aux plus jeunes, en fin d’ouvrage.
Batist Payen, le dessinateur, accompagne ce texte avec sobriété et pudeur : le décor aux couleurs pastel rapproche le lecteur des deux personnages et de ceux qu’ils rencontrent au fil du temps et des batailles, sans pathos ni sentimentalisme.
Malgré ses imperfections –en effet, elle a les limites de ses ambitions : très pédagogique et accessible, elle manque parfois de souffle et d’envergure-, une bande dessinée à lire absolument pour découvrir ces troupes engagées dans le charnier de la Première Guerre mondiale encore mal connues du grand public. Une œuvre de mémoire introduite fort justement sur un questionnement de cette notion de mémoire par Yasmina Khadra.
Source : Turcos : le jasmin et la boue | Médiathèques.